lundi 13 avril 2009

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué


On a beau y laisser quelques plumes à chaque fois, et pas seulement celles du duvet, le camping... on aime. Alors puisque l’occasion se présente de nouveau, on resigne immédiatement. Cette fois-ci, notre mission, si nous l’acceptons, sera de traverser la frontière Argentine – Chili à pied, soit relier les villes de El Chalten (cf. article précédent) et de Villa O’Higgins, ville chilienne qui marque la fin de la « carretera australe » (en gros une route, ou plutôt piste, achevée en 1999 seulement pour désenclaver un petit peu cette Patagonie si difficile d’accès).
Et là, c’est tout de même une autre histoire parce qu’il faut tout porter sur le dos, pas question de laisser un gros sac à l’hôtel, on ne repassera pas par là de si tôt !

En théorie, le programme est le suivant :
• J1 : Auto-Stop sur 37 km : de El Chalten au « Lago del Desierto »
• J1’ : Marche le long du lac (15 km) pour aller au poste frontière argentin (avec l’option de marcher sans les sacs qui eux feraient le trajet en bateau)
• J2 : Marche pour passer côté chilien (2h jusqu’à la frontière et 4 jusqu’au bord du lac O’Higgins et au poste de frontière Chilien)
• J3 : Traversée du lac O’Higgins pour atteindre Villa O’Higgins

En gros, on est parti pour 3 jours avec notre maison sur le dos.
Au final, on est arrivé plein de bons souvenirs, mais pas tout à fait comme on l’imaginait !

• J1 : On a fait les 37 km de stop en 4 fois dont une à l’arrière de la longue remorque d’un camion qui transportait du foin (sur une route non asphaltée, youhou !!!)





• J1’ : On a raté le bateau à 30 secondes près... Et comme la journée était belle, que les pronostics météo des jours suivants n’étaient pas top, on est parti le long du lac AVEC les sacs. On est acueilli à l’arrivée par Emmanuelle et Mickaël, couple de français qui font le même parcours. Repos sous tente bien mérité après notre longue journée.






• J2 : 6h de marche sous la pluie (c’est mieux que la tempête annoncée), toujours chargés je vous le rappelle ! avec en option, passage de rivière sans pont... Que du bonheur ! Ouf le soir, on se réfugie chez Ricardo, le proprio du camping, qui loue aussi des chambres chez lui. Qu’il est bon de se retrouver au sec ! Par curiosité, j’ai pesé mon sac à dos : et donc, sans la bouffe mangée sur la route : 26 kg !!! ça pèse son poids !

• J3 : Glandouille chez Ricardo car, à cause du mauvais temps, le bateau a été reporté au lendemain... On en a profité pour sécher nos affaires détrempées et faire des travaux manuels tels couture pour pantalon et sac à viande troués, coupe de cheveux. On a aussi passé du bon temps à jouer avec Emmanuelle et Mickaël : belote, Time’s up.




• J4 : Arrivée à Villa O’Higgins. On est maintenant une bonne bande de jeunes (qui s’fend la gueule). La traversée en bateau s’est faite à 9 (3 anglais et 6 français). Depuis, on vadrouille ensemble (camping, bus, et soirée d’anniversaire...)


Malgré les quelques surprises que nous aura réservé cette traversée et les séquelles dorsales qu’elle nous aura laissée, nous avons été enchantés par ces quelques jours, et sommes décidement sous le charme de la Patagonie.


En arrivant à Villa O’Higgins, une question se pose immédiatement : quelle est la raison d’être de cette ville ? L’endroit et superbe (mais existe-t-il un endroit moche en Patagonie, on finit par se le demander), mais côté isolement, il est difficile de faire mieux. On ne s’attardera d’ailleurs pas ici, repartant dès le lendemain tous les 9 dans un mini-van transformé à cette occasion en boîte à musique. Cap sur Cochrane, la première ville « importante » de la carretera australe.


Cochrane, c’est pas encore ce qu’on pourrait appeler la civilisation, mais ça commence à y ressembler un peu. Et même que y a une banque ici, et ça c’est pas pour nous déplaire...

C’est ici que nos compagnons de route nous quitterons, continuant plus au nord quand nous décidons de notre côté de nous y attarder un peu.
Nous avons en tête de peut-être dégoter ici de quoi continuer notre périple à dos de canasson. Ne faisons pas durer le suspense inutilement, ils ne seront pas pour maintenant (mais seront-ils pour plus tard, cela semble particulièrement incertain), nous n’avons trouvé personne acceptant de nous vendre (ou louer) des chevaux.

Et puis Cochrane a également sa réserve naturelle, dont la particularité est d’être le refuge d’une population relativement importante de Huemules, soit une espèce endémique de cervidés aujourd’hui menacée d’extinction.
Nous voilà donc partis pour un treck d’une journée dans ce parc méconnu, et de ce fait très peu fréquenté.



Tant mieux pour nous, car malgré un soleil radieux et un décor superbe (mention spéciale pour le turquoise éclatant du lac Cochrane), nous ne croiserons personne.




Par contre, les huemules eux aussi se font discrets. Après 7 heures de marche, si l’on additionne le nombre de huemules recensés par chacun de nous on obtient... la tête à Toto. Mais nous on était pas vraiment venu pour voir Toto, et on est un brin déçu...
Quand soudain, semblant crever le ciel, et venant de nulle part, surgit un huemul brun.

Alors nous, on avait ouï dire que le huemul était craintif. Et il se trouve que celui-ci nous montre son cul (appelons les choses par leur nom, et tant pis pour les synonymes plus corrects). Me disant que de toute façon, si on se remet à respirer, il va nous repérer et filer illico, et que c’est à peu près tout ce qu’on verra de lui, je commence à mitrailler frénétiquement son derrière (comme quoi quand je veux). Après quelques minutes, étant sûr de pouvoir publier fièrement une photo nette d’un cul de huemul sur le blog, nous nous enhardissons et avançons prudemment en direction du bestiau, qui plus est de façon à commencer à apercevoir son joli minois. Et de pas hésitant en pas hésitant, on se retrouve face à lui. Et lui, ben ça faisait déjà belle-lurette qu’il nous avait repéré, et à vrai dire ça lui faisait une belle patte qu’on soit là à lui reluquer le derrière. Il continuait à ruminer gaiement...



Cet acharnement photographique sur cette pauvre bête, qui heureusement pour elle n’était pas pudique, sera partiellement responsable d’un retour tardif au centre-village de Cochrane. Mais quant on voit ce que peut donner un crépuscule patagon, on se dit que finalement le retard à parfois du bon.


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